Apprendre à coder en 2024, ça vaut encore le coup ?

À l’heure où de nouveaux outils d’IA sortent chaque semaine, suscitant des discussions sur le remplacement complet des développeurs, il est légitime de se demander s’il est encore pertinent d’apprendre à coder en 2024. Le 12 février 2024, lors d’une conférence à Dubaï, Jensen Huang, le PDG de NVIDIA, évoquait publiquement la fin de la nécessité d’apprendre la programmation. La semaine dernière, c’est Devin AI, un outil présenté comme le premier ingénieur logiciel d’IA par la société Cognition, qui a beaucoup fait parler de lui (ce n’est en fait pas le premier mais j’en parlerai dans un autre article dédié). La promesse de Devin AI est de pouvoir développer de manière autonome des applications complexes et complètes. Son annonce a généré un nombre incalculable de publications et d’articles titrés « La fin des développeurs ! » ou encore « Les ingénieurs logiciels au chômage ». J’ai moi-même hésité à appeler cet article « Les développeurs, c’est ciao !! », puis je suis revenu à la raison 😅 Après tout, le but de ce blog est justement de trancher avec tout le sensationnalisme qui entoure l’intelligence artificielle en vous apportant une analyse réaliste d’expert, qui, je l’espère, vous permettra de profiter au mieux de cette technologie incroyable, et aussi de vous en protéger.

Parmi mes activités professionnelles, j’interviens notamment auprès d’étudiants d’écoles supérieures à Paris et à Bordeaux pour enseigner la programmation et l’intelligence artificielle. Et cette question de la pertinence de se lancer aujourd’hui dans l’apprentissage du code revient constamment. Alors, qu’en est-il vraiment ?

Impact de l’IA sur le monde du développement en 2024

Plusieurs métiers sont déjà touchés par l’arrivée des outils d’IA générative comme le montre ce graphique tiré d’une étude réalisé par le site Bloomberry.

Les métiers de rédactions et de traductions par exemple sont fortement impactés.

En effet, dans certains domaines, tels que la rédaction de contenu publicitaire ou d’horoscope, il est possible de sacrifier la qualité pour la quantité et l’économie des coûts, mais en programmation, c’est une toute autre histoire! Déjà, la base : un mauvais code, généralement ça ne marche tout simplement pas. Et si jamais il fonctionne malgré tout, un code non propre et non optimisé entraînera des performances médiocres, une multiplication des bugs, une absence de scalabilité du projet, et il deviendra rapidement difficile de travailler correctement dessus. En bref, la qualité quand il s’agit de code, ce n’est pas négociable !

L’émergence des outils d’intelligence artificielle (IA) a déjà commencé à impacter le marché du travail pour les développeurs, mais de manière nuancée pour le moment. Les outils d’IA, tels que les LLM (Large Language Models) et les plateformes de développement assisté par IA, sont utilisés à grande échelle, avec 92% des développeurs basés aux États-Unis travaillant dans des entreprises de plus de 1 000 employés qui utilisent des outils d’IA pour le code.

Cependant, l’impact de l’IA sur le marché du travail pour les développeurs n’est pas uniquement positif ou négatif, mais plutôt complexe et multifacette. D’une part, l’IA ouvre de nouvelles opportunités pour les développeurs en créant des besoins pour des compétences spécialisées dans le développement et la gestion des systèmes d’IA. Par exemple, le développement de solutions d’IA génératives avec Azure OpenAI Service et d’autres technologies similaires nécessite des compétences spécialisées. D’autre part, certains développeurs se sentent menacés par l’IA, craignant que l’automatisation et les outils d’IA puissent réduire les perspectives d’emploi dans certains domaines du développement logiciel.

Il est important de noter que, malgré ces craintes, le secteur IT prévoit de créer plus de 100 000 postes supplémentaires d’ici 2030, avec une hausse significative des postes d’ingénieurs en informatique. Cela suggère que, bien que l’IA puisse automatiser certaines tâches, elle crée également de nouvelles opportunités d’emploi et de spécialisation pour les développeurs.

De plus, l’IA générative n’est pas encore en mesure de remplacer complètement les développeurs, loin de là. Mais tout développeur qui utilise quotidiennement des outils d’IA vous le dira : elle a déjà modifié le métier. Il y a un gain de temps substantiel dans la rédaction du code. La manière d’effectuer des recherches et de se former, qui représente une part importante du métier, a évolué pour être plus fluide. Certaines tâches nécessaires mais moins intéressantes peuvent être en partie automatisées, comme la création de tests ou la rédaction de documentation.

D’un autre côté, j’ai beaucoup lu et entendu que de nombreuses entreprises embauchaient moins de développeurs, et l’on constate même une baisse significative des demandes de missions sur les plateformes de freelance. Mais comme toujours, les chiffres on peut leur faire dire ce qu’on veux, et il est important de les analyser avec tout le contexte, et de ne pas simplement prendre le raccourci du « C’est la faute de l’IA ! »

En effet, la situation économique en Europe n’est pas idéale, avec une bulle financière qui a éclaté et un secteur bancaire en crise. En ce qui concerne la baisse des missions freelance, en France une réforme récente pousse les entreprises à recruter de nouveaux employés en interne. Le but ici n’est pas de rentrer dans les détails, mais simplement de relativiser l’impact actuel de l’IA sur le marché de l’IT. Si vous souhaitez en savoir plus sur le contexte économique, je vous invite à lire cet article de free-work qui résume bien la situation.

Pour autant, malgré ce contexte, il existe des cas réels de postes supprimés au profit de l’IA. Certaines entreprises vont par exemple ne garder qu’un seul junior au lieu de deux, mais ce junior pourra effectuer autant de travail grâce à l’aide des outils d’IA. Ce sont les profils juniors qui sont les plus touchés, car une partie significative des missions qui leur sont généralement confiées peut être réalisée en grande partie par des IA. Il s’agit de tâches d’exécution, telles que l’intégration ou la rédaction de tests unitaires. De plus, le temps de supervision nécessaire à l’emploi de l’IA n’est pas plus important que celui nécessaire pour un profil junior.

Vers une automatisation accrue ? Perspectives d’avenir pour les développeurs

Et en ce qui concerne l’avenir, il est certain que cette évolution ne fera qu’accélérer, et que les limites que nous connaissons aujourd’hui ne seront plus là demain. Dès lors qu’il est déjà question de l’émergence de modèles d’IA qui seraient capables de s’auto-améliorer, alors il n’y a plus aucun doute sur le fait qu’avec le temps, nous verrons bien l’émergence de modèles et d’outils d’intelligence artificielle qui vont être capables de tout coder, et mieux que n’importe quel développeur (je prépare d’ailleurs un article à ce sujet), mais ce n’est pas une fatalité et le chemin d’ici là est jonché de belles opportunités.

Pourquoi apprendre à coder en 2024 reste essentiel ?

Mon point de vue est qu’il est toujours très pertinent d’apprendre à coder, et ce pour plusieurs raisons :

• L’offre pour les profils junior a déjà commencé à baisser, mais il y a tellement une crainte de la disparition du métier de développeur, qu’il va automatiquement y avoir également une baisse du nombres de nouveaux développeurs.
• L’une des compétences les plus recherchées chez un développeur est l’autonomie, et l’IA générative permet à un développeur junior d’être beaucoup plus autonome. Attention, loin de moi l’idée de sous-estimer l’importance d’être formé par des pairs expérimentés. Il s’agit simplement de déblayer le terrain avec l’IA, ce qui permet aux juniors de ne plus craindre de poser trop de questions et aux seniors de gagner du temps en se concentrant sur l’essentiel.
• On devrait disposer encore d’un peu de temps avant que l’IA ne requière plus du tout de supervision humaine pour l’ensemble des tâches liées au code. La demande pour des profils plus expérimentés devrait donc rester importante encore un moment. En faisant le lien avec la diminution du nombre de nouveaux développeurs, ceux qui se lancent aujourd’hui devraient être ceux qui seront recherchés demain, et ce, avec moins de concurrence.
• L’IA est un outil remarquable pour accélérer sa montée en compétences et donc accéder plus rapidement au niveau recherché par la majorité des entreprises.
• Et enfin, si vous n’êtes toujours pas convaincus, dézoomons encore un peu. Au-delà du code, l’IA pose la question de l’évolution d’un très grand nombre de métiers. Il n’y a pas de doute aujourd’hui, la nouvelle génération va naviguer dans une vie professionnelle qui évoluera constamment ; ils exerceront plusieurs métiers au cours de leur carrière.

Comment débuter en programmation en 2024 : Conseils pratiques

• Suivre l’actualité IA, savoir déceler les outils à forte valeur ajouté dans votre domaine d’expertise, et les prendre rapidement en main pour en tirer partie.
• Prendre le temps de mettre en place des processus et des automatisations qui vous feront ensuite gagner un temps précieux, mais sans rien concéder sur la qualité.
• Se spécialiser dans le domaine de l’intelligence artificielle. Quoi de mieux, après tout, que de devenir celui vers qui tous ceux qui n’ont pas encore pris le train de l’IA vont se tourner ? Et cela va de soi, mais ne le fais que si tu y trouves de la motivation !

En conclusion, l’avenir du développement et de l’intelligence artificielle est riche en opportunités et en défis. Que tu sois déjà dans le domaine ou que tu envisages de plonger dans cet univers fascinant, rester informé est crucial.

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Enfin, cet article est le premier de ce blog, et ce serait avec plaisir que je lirai tes retours ou tes suggestions en commentaires pour les articles à venir !